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Jean-François VROD : le tourbillon (ou le troublion ?) de l’oralité

 

L’oralité, l’improvisation et le violon traditionnel, tels étaient les thèmes de ce dimanche animé par Jean-François Vrod.

Pour ceux qui n’auraient pas lu la Lettre n°15 (décembre 2003), voici un rapide portrait du personnage : essentiellement autodidacte, il est "tombé en musique" sur le violon durant la période "revival" des années 70. Il pratique le violon que l’on appelle traditionnel pour le différencier du violon classique, de la même manière que l’on parle de musique populaire ou savante. Il se produit en solo, duo ou trio, dans des spectacles aux noms évocateurs : "l’idiome du village" ou "de mémoire de violon". Il a enregistré plusieurs disques (dont celui sorti chez Cinq Planètes en 1998 qui a été Choc du Monde de la Musique). Titulaire du DE de violon traditionnel, il intervient régulièrement dans les conservatoires sous forme de résidences, de stages ou d’ateliers. Il est également responsable d’un ouvrage collectif publié chez Modal : "violon populaire, le caméléon merveilleux".

La matinée était conçue en direction des professeurs, et malgré une publicité bien ciblée, notamment vers les écoles de musique de la région, nous avons été très déçus par la participation, se réduisant à une poignée... de privilégiés au demeurant !

Bien qu’il s’agisse d’un compte-rendu, je ne peux m’empêcher de faire ici une digression au sujet de la fréquentation homéopathique de cette journée.

Si les idées "pédagogiquement correctes" qui circulent actuellement revendiquent l’ouverture à des langages et des pratiques diversifiées -menant souvent il faut bien le dire à une certaine médiocrité-, force est de constater que nombre de professeurs ne cherchent pas à élargir leur point de vue... Cela est bien dommage. Soyons clairs, il ne s’agit pas de tomber dans des travers démagogiques qui voudraient faire croire que l’on peut toucher à tout. Mais plutôt de vivre des expériences et d’y réfléchir en tant que pédagogue. Libre à chacun ensuite de transformer ou pas cette réflexion en véritable outil pédagogique, avec sa personnalité et ses convictions.

Revenons au déroulement de cette journée. Finalement plutôt contents d’être en petit comité, nous avons commencé par une petite séance de mise en forme. Au programme : détente de la tête, du cou, des épaules, du dos et des jambes pour avoir un corps dans lequel circulent les énergies (et la chaleur, car la température était la même que la veille !).

Nous nous sommes ensuite assis en cercle et Jean-François a fait appel à notre faculté de mémorisation et de reproduction dans un premier temps, pour nous apprendre un air à danser traditionnel. Puis il a mis à rude épreuve notre capacité à varier et à inventer. Les débuts furent difficiles, mais après un certain temps, cette immersion dans un monde sans partition nous libéra, allant même jusqu’à esquisser quelques pas de danse !

Quant à l’après-midi elle était consacrée aux enfants. Quelques rennais et un grand nombre d’élèves venus de la Roche-sur-Yon (avec leur professeur Marie-Violaine Cadoret) permirent à cette deuxième séance d’être plus animée.

En guise d’échauffement (toujours cette température ambiante... !) de la marche en rythme, des jeux où il faut faire deviner sa pulsation, toujours en groupe et de façon ludique. Puis, prise des instruments, cercle, et essais d’apprentissage d’un air de façon orale. A noter au passage que cette expérience révèle beaucoup de choses sur la manière propre à chacun d’écouter. Cela permet de mettre en évidence des faiblesses, ou à l’inverse, des facilités que l’on ne décelait pas par l’apprentissage avec partition.

Puis deux groupes se formèrent pour un court moment : 1er cycle d’un côté, 3ème de l’autre. Avec les premiers nous avons essayé de produire une forme refrain-couplet, d’après l’air appris avec Jean-François, permettant à chacun d’improviser à tour de rôle. Quant aux plus grands, ils poussèrent très loin le principe d’ornementation avec Jean-François. Chaque groupe fit écouter ce qu’il avait appris en l’espace de quelques heures. Au final, une découverte : on peut faire de la musique juste avec les oreilles ! Et pour nous, pédagogues, sans vouloir changer radicalement notre façon d’enseigner c’est une affirmation de la prépondérance de l’écoute sur la lecture.